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MAX JACOB


Max Jacob, breton et juif, a sorti du fond de la mer ces cloches de la ville d’Is, que Renan entendait comme les sirènes. Il devient catholique et catholique plus grec, au presbytère de Saint-Benoit, que Renan sur l’Acropole.

On ne rapporte rien de fameux à essayer de prendre dans le silence un moulage de la musique grecque. Ses contours sont en poudre. Nous l’imaginons encore plus mal que les petits temples bariolés dont il ne reste qu’une ruine blanche.

Souvent, mystérieusement remué par un coq-à-l’âne de Max Jacob, coq-à-l’âne qui le débarrasse des rêveurs, je pense à cette tradition du jeu de mots des oracles de Delphes, de Délos, de Dodone, aux calembours têtus des tables tournantes.

Les fées de Quimper, les séraphins de l’Arche, les muses et nos anges étourdissent ce grand inspiré.

Il les écoute, un mouchoir sur les yeux, les mains maladroites, rouge comme un garçon dans une ronde de filles.


C’est cette ronde surnaturelle qui fait du ’’ Terrain Bouchaballe ” un poème épique, une légèreté profonde, un mouvement fou sur place ; le mouvement des atomes qui composent un objet quelconque, au lieu du mouvement lourd des voyages.

Avec le Cornet à dés, on touche une bête : la poésie. Avant, on l’apprivoisait, on l’approchait, on ne la touchait pas encore.

Max Jacob n’eut jamais la faiblesse de suivre les modes qu’il lança. (Combien nous avons d’exemples de coquettes qui singent leurs filles et dont leurs