SCÈNE IX
LA COMTESSE, SUZANNE D’ÉGLOU
LA COMTESSE, baisant la lettre passionnément.
Sa lèvre s’est posée où ma bouche se pose.
Oh ! tu ne comprends pas cela, toi, qu’une chose
Qu’il a vue et touchée est douce à regarder,
Et qu’aux plis du papier sa lettre doit garder
Chaque baiser d’amour dont il l’a caressée,
Ainsi que l’écriture a gardé sa pensée.
Elle ouvre et lit le billet.
« Ma douce bien aimée, après l’assaut du jour,
Si je n’ai pu franchir les fossés ni la tour,
Au milieu de la nuit, ouvre la porte basse.
J’y serai seul, viens seule, il faut que je t’embrasse
Sur les mains et les yeux et les lèvres d’abord.
J’irai chercher mes gens après, ô cher Trésor,
Car, avant ce château, c’est toi que je viens prendre.
Mon amour n’attend pas et mon Roi peut attendre. »
Embrassant encore le billet.
Ce soir, ce soir ! avant l’aurore de demain
J’aurai donc ce bonheur d’avoir tenu sa main,