Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

pénètre,

Et de l’honneur humain pour un autre plus grand :

Un besoin de donner plus encor qu’on ne prend,

De vivre l’un pour l’autre et de mourir de même ;

Comprenez-vous cela ? Mourir pour qui l’on aime !


JACQUES DE VALDEROSE

Je ne vois, je ne sens, je ne comprends enfin

Que ceci : « Je vous aime. » Ô maîtresse, j’ai faim

De votre voix, j’ai soif de vos regards ; j’adore

Votre être tout entier. Je vous aime. J’ignore,

Je méprise, je hais tout ce qui n’est pas vous.

Oui, je voudrais mourir d’amour à vos genoux.


LA COMTESSE, impatientée.

Oh ! que tu comprends mal l’amour, enfant timide !

Tu parles de tendresse avec ton œil humide

Et des roucoulements d’oisel. Qu’est tout cela

Près de l’emportement terrible que j’ai là ?

As-tu pendant des nuits senti ta chair se tordre

Et ton corps sangloter, et la rage te mordre

A la gorge, et sonner dans ton sein, comme un glas,

Le dégoût d’un passé qui ne s’efface pas.

Dans ton cœur déchiré que le désir affame

As-tu jamais songé que, moi, je fus la femme