LA COMTESSE
Eh ! que veux-tu ? Pendant longtemps j’ai résisté,
Mais l’amour m’a saisie, a tordu ma pensée,
Comme un lutteur tombé je me sens terrassée.
SUZANNE D’ÉGLOU
Oh ! c’est très mal, cousine.
LA COMTESSE
Ah ! c’est mal. Et pourquoi ?
Avant de l’épouser, j’avais donné ma foi.
Mon père m’a jetée à lui ; lui, vieux, m’a prise,
Comme un objet quelconque et presque par surprise
Et parce qu’avec moi j’apportais un cadeau
Royal, trois grands châteaux et ma jeunesse en dot !
Moi, j’avais peur de lui, j’avais peur de mon père,
Je n’osai dire « non », mais est-ce qu’il espère
Qu’on est maître d’un cœur et qu’on prend un esprit
A cheval et l’épée au flanc comme il me prit,
De même qu’un butin qu’on rapporte ?
SUZANNE D’ÉGLOU
Oh ! prends garde...
Mais, ce soldat qui t’a servi, si quelque garde,