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gea vivement vers la chambre de Fanchette, après avoir remercié Suzanne d’avoir si bien avancé ses affaires auprès de sa belle cousine.

Fanchette, ainsi que cela avait été convenu entre les deux cousines, était assise sur son lit, faisant semblant de coudre à son ouvrage, quand Robinet entra. Il la salua d’abord et lui demanda comment elle se portait. Après quelques cérémonies faites pour s’asseoir, il se mit auprès d’elle, la regardant fixement au visage sans doute pour démêler les sensations qu’elle éprouvait ; s’étant ensuite assis à l’endroit où se plaçait d’ordinaire la mère de Fanchette, il se mit à examiner l’ouvrage auquel elle travaillait et lui dit en tremblant qu’il avait rencontré sa cousine sur les degrés, qu’elle lui avait dit bien des choses et qu’il désirait savoir d’elle s’il devait ajouter foi aux promesses de bonheur dont elle l’avait flatté. Fanchette sourit et ne lui répondit rien. Ce silence parut à Robinet un aveu tacite ; il prit un peu plus de hardiesse et l’embrassa. Elle le laissa faire sans beaucoup lui résister, s’étant préparée à tout ce que Suzanne lui avait dit. Robinet, s’étant un peu retiré pour la considérer, vit qu’elle était toute rouge de honte et qu’elle n’osait le re-