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sperme qui nous plongea dans une mer de délices.

— Non-seulement je le crois, ma cousine, dit Fanchette, mais encore je sens beaucoup d’émotion rien qu’en écoutant la description que vous m’en faites. Cependant, pour vous dire franchement ma pensée, j’aimerais mieux la conclusion en ces sortes d’affaires que de m’amuser à tous les apprêts que vous m’avez racontés.

— Tu as bien tort de penser cela. La conclusion ne peut manquer d’arriver ; donc on fait bien d’être ménager de ce plaisir, qui serait de courte durée sans la précaution qu’on y apporte. Si je croyais avoir assez de temps avant que Robinet fût venu, je te ferais un petit discours qui pourrait te servir d’instruction là-dessus.

— Eh ! de grâce, ma cousine, puisque nous y sommes, achevez, dit Fanchette, et faites que je vous aie l’obligation entière.

— Apprends donc, ma chère amie, continua Suzanne, qu’il y a en amour mille délices qui précèdent la conclusion, lesquels on ne peut goûter que dans leur temps avec loisir et attention. Le baiser est autre chose que l’attouchement et le regard est différent de la jouissance parfaite. Chacun de ces quatre points a ses divisions parti-