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avec toi. Sais-tu bien qu’il m’ennuyait fort de n’avoir pas l’occasion de jaser un peu ensemble depuis si longtemps que cela ne nous est arrivé.

— Cela se trouve d’autant mieux aujourd’hui, répliqua Fanchette, que ma mère est sortie et que nous pouvons causer tout à notre aise. Asseyez-vous, ma cousine, et causons ; il n’y a dans la maison que la servante, et elle ne viendra pas nous déranger.

Après que les deux cousines se furent assises, Suzanne reprit : Que faisais-tu donc ? tu travaillais ?

— Hélas ! oui, fit Fanchette avec un soupir.

— Comme tu me dis cela d’un ton peiné, dit Suzanne ; après tout, je crois que le travail est ta plus grande affaire ; tu ne sors presque jamais, et quant aux visites que tu reçois, si ce n’est quelques femmes qui viennent te voir de temps en temps, tu resterais seule, car pour les hommes il n’en entre non plus ici qu’en un couvent de religieuses.

— Eh ! que me ferait la visite des hommes, dit naïvement Fanchette, il n’y en a point qui pensent à moi, et puis ma mère dit que je ne suis pas encore en âge de me marier.