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cousine, dit Fanchette, vous le persuaderiez de la façon que vous le dites, et vous en feriez bien venir l’eau à la bouche tant vous en savez discourir habilement, mais enfin de tout ce que vous m’avez dit, voudriez-vous inférer que Robinet ne m’aimerait que pour le corps ?

— Je ne dis pas cela absolument, reprit Suzanne ; il y a de la modération en tout ; l’esprit fait quelquefois aimer le corps, de même que la beauté du corps fait quelquefois illusion sur les défauts de l’esprit ; mais quand on est aimé pour l’un et pour l’autre, on est assurée d’inspirer des passions fort vives. Je vais t’apprendre ce que mon ami m’a avoué à ce sujet. Comme il croit que j’ai de l’esprit et du plus fin, il m’a dit que quelquefois, après m’avoir entendue discourir sur des matières relevées et honnêtes, et qu’il pouvait me tirer à l’écart, il était si animé à me faire cela sur-le-champ qu’il ne pouvait plus commander à son membre tant il était raide, et cela à cause de la beauté de mon âme, qu’il lui semblait qu’il m’exploitait l’esprit en me chatouillant le corps, tant il prenait plaisir à chercher l’âme par là-dedans.

— Je suis contente d’apprendre tout cela, ma