Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 90 —


les fasse parler comme cela, car enfin l’amour est toute douceur et il ne saurait rien faire dire qui ne soit doux comme lui.

— Il est vrai, ma mie, dit Suzanne, mais tu ne le connais pas encore tout à fait ; tout ce que les hommes nous disent dans le moment qu’ils nous caressent, c’est par amour, et je vais te montrer comment. Tu dois savoir que la principale cause de l’amour est le plaisir du corps et que sans cela il n’y en aurait pas.

— Ah ! je ne nie pas cela, ma cousine, dit Fanchette ; je sais bien tout ce que vous me dites, je crois que l’amour inspire quelquefois des passions brutales, mais il y en a aussi qui ne le sont pas et toute la différence que l’on y trouve, c’est que les dernières durent longtemps au lieu que les autres ne sont qu’un feu de paille.

— Elles sont brutales, ma mie, répliqua Suzanne, si tu les prends là, et je le prouverai sur-le-champ ; mais donne-moi le temps de parler.

— Tant que vous le jugerez à propos, ma chère cousine, s’empressa de dire Fanchette ; je ne vous interromprai point.

— Le plaisir passe, mon enfant, il est vrai, continua Suzanne, mais le désir en revient ; c’est ce