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ses cendres ; puis j’en donnai le détail à sa famille sans, comme on doit bien s’en douter, l’instruire que j’avais eu la plus grande part dans les dérèglements de cette victime infortunée de la débauche et que j’étais le premier principe de ses désordres.

Malgré qu’il y avait longtemps que je ne me souciasse plus de Constance, malgré la suite de plaisirs que je goûtais d’un côté et d’autre, après sa mort je me trouvai isolé pour un temps ; les femmes me devinrent indifférentes et j’abandonnai la pratique de ce vice honteux pour me précipiter avec fougue dans un autre qui devint ma passion favorite et auquel je me livrai avec ardeur.

J’ai déjà dit que, par la mort de ma mère, j’étais devenu le chef de ma famille, ou plutôt que j’étais absolument maître de moi-même ; une fortune assez considérable me mettait à même de me livrer au goût naissant que je ressentais pour le jeu ; j’abandonnai donc les plaisirs que me procurait le sexe féminin pour engloutir ma fortune dans ces gouffres du Palais-Royal, où l’avarice égorgeant ses victimes fait régner parmi la bassesse, le vol et les plus abominables crimes, la rage, l’horreur, le désespoir et la malédiction… Oh ! souvenir trop amer, orgueilleuse municipa-


 LE DEGRÉ. TOME 1.
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