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que d’un poignet robuste je secouais un membre flasque, dont rarement il m’était possible de soutirer quelques gouttes du précieux élixir dont la source était tarie.

« Quelquefois un autre prenait mes fesses pour l’objet de son culte, et de mon cul faisait un autel ; c’était sur ce trou de l’amour qu’il répandait ses libations et consommait le sacrifice, sacrifice de sa part infiniment plus pieux et plus sincère que ceux que ces tartuffes offrent à la divinité.

« Le bourgeois, le robin, le militaire, le financier, tout était admis dans mon temple, dont j’étais seule la déesse. Jamais sanctuaire ne fut mieux desservi ; il est vrai qu’à l’exemple de ceux du catholicisme nul n’en sortait sans laisser son offrande en argent. Ce n’étaient pas les chaises qui se payaient chez moi, mais bien la vue et le maniement du plus joli des tabernacles.

« J’ai dit que le matin je faisais des parties ; comme je sortais un jour pour aller faire pousser quelques soupirs à un vieux financier, à qui on n’en avait rarement arraché qu’à l’aide d’un poignet vigoureux ou d’une poignée de verges, je fus abordée par le père procureur des capucins de la rue St-Honoré, qui, en trois mots, me dit à l’o-