tance, sous le premier prétexte, ou seulement pour
se récréer, sortit pour aller prendre le frais au
jardin. Ses parents et les miens faisaient un whist
et comme les yeux de la défiance n’étaient point
ouverts sur nos actions, que notre âge paraissait
nous rendre incapables d’exécuter ce que nous
étions résolus à entreprendre, on ne s’aperçut seulement
pas de notre commune éclipse.
On va sans doute s’étonner de la hardiesse de Constance, une fille de quinze ans, élevée dans un couvent jusqu’alors, osant se débarrasser de ses chaussures pour monter à petit bruit dans la chambrette d’un jeune homme de mon âge, qui l’attendait avec la plus vive impatience ; mais après les expressions de la lettre qu’elle m’avait écrite de son cloître, après les témoignages brûlants qu’elle m’avait donnés de sa passion et de l’envie qu’elle avait de conclure avec moi la défaite de sa virginité, cet étonnement ne pourra que cesser.
Constance frappa doucement à ma porte ; je tenais en main un livre que j’avais ouvert au hasard, plutôt par désœuvrement que par besoin de lecture ; je tressaillis en l’entendant et je courus lui ouvrir.