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L’HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS

variation dans le sens technique ; c’est-à-dire comme impliquant une modification qui découle directement des conditions physiques de la vie ; or, dans ce sens, les variations ne sont pas susceptibles d’être transmises par hérédité[1]. » C’est la négation formelle du lamarckisme ; voici cependant un autre passage qui contredit à peu près le précédent :

« Toutefois il ne faut pas oublier que certaines variations fortement accusées, que personne ne songerait à classer comme de simples différences individuelles, se représentent souvent parce que des conditions analogues agissent sur des organismes analogues ; nos productions domestiques nous offrent de nombreux exemples de ce fait. Dans ce cas, si l’individu qui a varié ne transmet pas de point en point à ses petits ses caractères nouvellement acquis, il ne leur transmet pas moins, aussi longtemps que les conditions restent les mêmes, une forte tendance à varier de la même manière. On ne peut guère douter non plus que la tendance à varier dans une même direction n’ait été quelquefois si puissante que tous les individus de la même espèce se sont modifiés de la même façon, sans l’aide d’aucune espèce de sélection. On pourrait, dans tous les cas, citer bien des exemples d’un tiers, d’un cinquième ou au moins d’un dixième des individus qui ont été affectés de cette façon. Ainsi Graba estime que, aux îles Feroë, un cinquième environ des Guillemots se compose d’une variété si bien accusée, qu’on l’a classée autrefois comme une espèce distincte, sous le nom d’Uria lacrymans. Quand il en est ainsi, si la variation est avantageuse à l’animal, la forme modifiée

  1. Darwin, op. cit., p.46.