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LE PROBLÈME DE LA FORMATION DES ESPÈCES

Et cependant, cette métamorphose admirable, vous pouvez la reproduire aussi souvent que vous voudrez ; si vous choisissez bien les œufs de poule fécondés et pondus dans de bonnes conditions, vous serez assurés de n’avoir aucun échec ; chaque œuf vous donnera au bout de trois semaines un poussin bien constitué, vivant et ne demandant qu’à continuer à vivre. Donc, de même que pour une expérience physique ou chimique très simple et dont vous connaissez les conditions, vous pouvez prévoir, sans erreur possible, ce qui résultera du fait d’avoir placé un œuf de poule dans une couveuse artificielle. Vous pouvez donc affirmer que, dans les conditions de la couveuse (température, aération), l’œuf détermine le poussin, le poussin est déterminé dans l’œuf.

Si au lieu d’un œuf de poule vous aviez pris un œuf de cane, vous n’auriez pas constaté de grandes différences dans sa structure initiale et cependant, placé dans la couveuse, cet œuf eût donné un caneton et non un poussin. Le caneton diffère du poussin par un très grand nombre de caractères importants et l’on peut s’étonner que des êtres si peu semblables proviennent, dans des conditions identiques, de deux œufs si analogues ; mais le caneton est par lui-même aussi curieux que le poussin, il est aussi compliqué et aussi merveilleusement coordonné.

L’œuf de cane détermine le caneton comme l’œuf de poule détermine le poussin ; les différences qui séparent le caneton du poussin tiennent donc uniquement aux différences si peu apparentes qui existent entre l’œuf de cane et l’œuf de poule. Que de sujets d’étonnement dans l’étude de ces faits de connaissance courante ! Trois sciences sont nées du besoin de les expliquer.