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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

chimiques nettement définis, comme le sont les substances plastiques spécifiques a, b, c, d, e, f, la question de la provenance des substances employées pour faire un mélange donné ne peut avoir aucune influence sur les propriétés du mélange. Quand un médecin formule une potion, il sait que cette potion aura les propriétés sur lesquelles il compte pour la guérison du malade, quel que soit le pharmacien qui exécute l’ordonnance, quels que soient les bocaux d’où seront extraits les produits chimiquement purs qui doivent entrer dans la potion.

Toutes les substances plastiques spécifiques étant rigoureusement les mêmes dans tous les plastides d’une même espèce, les propriétés d’un plastide donné résultent uniquement des proportions quantitatives des substances qui entrent dans sa constitution et non de la provenance de ces substances ; autrement dit, étant donné, par exemple, un œuf parthénogénétique d’abeille d’une race a, si l’on peut réaliser, par un processus quelconque, la substitution, à l’une de ses substances plastiques a, de la même quantité de la même substance a empruntée à une autre abeille d’une autre race b de la même espèce, l’œuf n’aura aucunement changé et donnera une abeille de race pure a. Autrement dit, ce qui fait les ressemblances inhérentes aux liens de parenté, c’est, non pas, comme on le croit généralement, l’origine commune des substances constitutives des individus cousins mais, uniquement, l’analogie de certains rapports numériques dans la constitution des plastides de ces individus. Ce qui fait l’hérédité, ce n’est pas le moins du monde la continuité de substance du parent à l’enfant, mais la similitude des coefficients de l’œuf père et de l’œuf fils.