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LE PROBLÈME DE LA FORMATION DES ESPÈCES

espèce la seule apte, restée isolée. Les individus se multiplient, et en se multipliant épuisent le milieu qu’ils chargent en outre de produits accessoires nuisibles à l’espèce même. Plus la multiplication est abondante, plus le milieu doit donc se transformer rapidement et devenir impropre à la vie élémentaire manifestée de l’espèce donnée. Or, tous les plastides de même espèce ont les mêmes besoins et produisent les mêmes excréments nuisibles, donc, si nous nous occupons plus particulièrement de l’un des plastides et de sa descendance, nous constatons que les autres plastides le gênent et contribuent à rendre plus rapidement impossible sa multiplication dans le milieu ; autrement dit, si nous intervenions à chaque instant pour éliminer ou détruire les plastides nouvellement formés, de telle manière qu’il n’y eût jamais dans le milieu qu’un seul plastide à l’état de vie élémentaire manifestée, la condition d’assimilation se prolongerait bien plus longtemps, l’épuisement des aliments étant beaucoup moins rapide. Au point de vue de la prolongation de la vie élémentaire manifestée, la destruction d’un certain nombre des plastides formés est donc avantageuse pour ceux qui restent. Leur persistance est, au contraire, nuisible à ceux-ci et c’est ce que Darwin a appelé la concurrence vitale.

Cette loi est plus célèbre sous une autre forme à laquelle on arrive en considérant les plastides comme des individus dirigeant eux-mêmes leur mode d’activité[1]. Chaque individu tire à lui les substances alimentaires utiles à tous et rejette dans le milieu des substances excrémentitielles nuisibles à tous. Or, le

  1. Ce langage imagé, peut être commode quand on a soin d’éviter les erreurs qui en résultent souvent.