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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

de la théorie où Roux démontre l’existence des forces évolutives de l’organisme, l’importance de leur rôle dans la formation des organes. Les exemples du pied bot, des pseudarthroses, de l’orientation des trabécules dans le tissu spongieux du cal oblique et celui du placenta extra-utérin, auxquels on peut ajouter celui de la striation des ailes des mouches cité par Eimer, prouvent péremptoirement que l’organisme peut, sans le secours de l’hérédité, faire du cartilage, des ligaments, des surfaces articulaires, disposer des parties et modeler leur forme en vue d’un fonctionnement aussi avantageux que possible. »

Comment une chose peut-elle se faire dans un organisme sans le secours de l’hérédité ? J’avoue que je ne le comprends pas. Telle pression, exercée longtemps dans le même sens, détermine l’orientation des trabécules osseuses dans un veau. Produirait-elle le même résultat dans un escargot ? Évidemment non. Et qu’est-ce, sinon l’hérédité, qui fait que le veau a la propriété de réagir comme un veau et l’escargot comme un escargot ? Et peut-on dire raisonnablement qu’une particularité n’a pas besoin d’être héréditaire pour se retrouver semblable chez l’enfant comme chez les parents ? On a employé le mot hérédité pour exprimer le fait que le fils ressemble morphologiquement au père, mais le même mot exprime en même temps, forcément, que le fils réagit de la même manière que le père dans les mêmes conditions. Si une pseudarthrose se produit chez le fils à la suite d’un traumatisme, elle se serait produite de la même manière chez le père à la suite du même traumatisme, et d’une manière différente chez un animal d’une autre espèce ou même chez un autre animal de la même espèce, non appa-