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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

chimie est cette partie des sciences naturelles qui traite des phénomènes qui se passent au contact des corps en tant que ces phénomènes amènent un changement complet dans la constitution de ces corps. »

Autrement dit, en dehors de l’état d’indifférence chimique, la quantité d’un composé défini quelconque est toujours décroissante. Or, une bactéridie charbonneuse, dans du bouillon, n’est pas à l’état d’indifférence chimique, mais elle s’accroît ; donc, dira-t-on, il y a là autre chose qu’un phénomène chimique. Remarquez bien que la définition de Regnault est destinée à mettre en opposition les phénomènes chimiques avec les phénomènes physiques : « La physique est l’étude des phénomènes qui n’apportent pas de changements permanents dans la nature des corps. » Et il est certain que dans l’idée de l’auteur, tous les phénomènes naturels entraient dans l’une de ces deux catégories. Or, si l’on observe, un instant seulement, une bactérie à l’état de vie élémentaire manifestée, les manifestations de son activité semblent être du domaine de la physique, parce que la nature de la bactéridie ne change pas. Si on l’observe plus longtemps on voit que la bactérie a doublé. Que diriez-vous d’un phénomène physique, électrique par exemple, qui, se manifestant un certain temps dans une barre de fer, aurait produit au bout de ce temps deux barres de fer identiques à la première ?

L’activité d’une bactérie à l’état de vie élémentaire manifestée, n’entre donc dans aucune des catégories distinguées par Regnault. Ce n’est ni un phénomène physique ni un phénomène chimique, donc, diront les vitalistes, c’est un phénomène d’un autre ordre, un phénomène vital. Et voilà ! Mais n’est-il pas plus sage