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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

expliquer la vie par la chimie, ou bien ce sera par une autre espèce de chimie, c’est-à-dire que vous n’expliquerez rien. Est-ce que la chimie du carbone ou chimie organique est une autre espèce de chimie que la chimie inorganique ? La pétition de principe est évidente. Il peut y avoir une chimie de la vie ou biochimie, comme il y a une chimie de l’alcool, une chimie d’un corps quelconque différant de celles des autres corps ; chaque corps a sa chimie propre, ses propriétés personnelles ; mais ce qui constitue la chimie, c’est que ces propriétés personnelles sont inhérentes à une structure moléculaire précise et se retrouvent toujours les mêmes, chaque fois que cette structure moléculaire est réalisée. La question de savoir si la vie élémentaire est une propriété chimique est donc ramenée à celle-ci : Existe-t-il une structure moléculaire capable de permettre l’assimilation, c’est-à-dire une réaction non destructive ? Tant qu’on n’aura pas fait l’analyse complète des substances vivantes, personne n’aura le droit d’affirmer que cette structure existe, mais personne non plus n’aura le droit de le nier a priori et de déclarer immédiatement absurde toute tentative d’explication de la vie élémentaire par une structure moléculaire donnée ; d’autant plus qu’il est facile d’imaginer une structure stéréochimique telle que le résultat de la réaction des molécules ainsi constituées avec des corps convenablement choisis, soit une augmentation du nombre de ces molécules et non une destruction.

Toute cette discussion n’est pas oiseuse ; l’objection que j’essaie de combattre a été répétée mille fois et elle prend une apparence de raison d’être dans la définition classique de la chimie, donnée par Regnault et, je crois, conservée religieusement depuis : « La