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MIMÉTISME DARWINIEN ET MIMÉTISME LAMARCKIEN

intervient indubitablement pour fixer les caractères utiles, mais souvent il faut faire intervenir l’explication lamarckienne pour comprendre l’apparition même de ces caractères. Nous prenons sur le fait, aujourd’hui encore, des mécanismes chromoblastiques permettant l’imitation momentanée, source de mimétisme morphologique, quand elle est habituelle pendant un grand nombre de générations consécutives. Seulement, dans le groupe des insectes où les cas de mimétisme sont les plus extraordinaires et les plus nombreux, nous ne connaissons[1] aucun cas de cette imitation fonctionnelle ; il n’y a plus que du mimétisme morphologique ; cela tient à ce que l’évolution des insectes est presque terminée, beaucoup plus avancée dans tous les cas que dans les autres groupes ; leurs instincts, peu nombreux dans chaque espèce et d’autre part extrêmement précis et exercés sans interruption, se sont de plus en plus fixés dans des caractères morphologiques définitifs.

Pour les biologistes soucieux de l’explication complète des phénomènes, l’interprétation purement darwinienne des cas de mimétisme est sans doute plus satisfaisante ; mais dans beaucoup de cas le hasard ne saurait être raisonnablement invoqué comme seule cause de l’apparition des caractères de ressemblance entièrement précis ; il faut alors faire intervenir l’interprétation lamarckienne, l’acquisition des caractères par cinétogénèse, mais alors il faudra expliquer à son tour le mécanisme même de l’imitation. Indépendamment des questions de mimétisme, ce mécanisme de l’imitation étant la condition nécessaire de l’éduca-

  1. Sauf les expériences de Poulton, et encore nous ne connaissons pas le mécanisme de l’homochromie dans ce cas.