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LE MIMÉTISME LAMARCKIEN

lyra avec son jeu si riche de chromoblastes ? Ce poisson n’a pas trouvé un habitat auquel il eût un grand avantage à se fixer en l’imitant sans cesse. Autrement ce mimétisme toujours répété eût naturellement remplacé par un caractère morphologique définitif cette fonction admirable qui a été conservée par des variations incessantes de demeure, et nous nous étonnerions aujourd’hui de trouver un poisson représentant à s’y méprendre et comme imité par un artiste de premier ordre, un morceau de pierre recouvert de patelles et de balanes[1] !

Les cas de mimétisme les plus extraordinaires sont des cas où nous ne trouvons plus aucune fonction analogue à la fonction chromoblastique, et où les dessins les plus merveilleux sont morphologiquement fixés par l’hérédité. Mais cela n’est-il pas absolument logique ? Quand la perfection de l’imitation protectrice a été obtenue, l’habitat fixe correspondant a été choisi définitivement ; par conséquent, en vertu même des principes de Lamarck, l’opération habituelle est devenue d’abord instinctive, puis, au bout d’un certain nombre de générations, cet instinct lui-même a disparu pour faire place à un caractère cinétogénétique héréditaire.

Imitation d’une espèce animale par une autre espèce animale. — Lorsque les deux espèces qui se ressemblent sont extrêmement éloignées dans la classifi-

  1. C’est évidemment à un cas de ce genre qu’il faut rapporter l’exemple cité précédemment d’une murène imitant un serpent venimeux du genre Elaps, c’est-à-dire formé d’anneaux noirs et blancs consécutifs ; il y a des murènes qui ont des chromoblastes ; celle-ci a obtenu une coloration spécifique définitive en imitant sans cesse le même serpent.