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LE MIMÉTISME LAMARCKIEN

l’élément rétinien et dès lors devient invisible, tandis que les radiations émanant des parties profondes vont librement impressionner notre œil. Si l’on ajoute que, dans le même tissu, on peut trouver des chromoblastes de différentes couleurs et qu’ils peuvent être les uns ou les autres à divers états de contraction, on comprendra qu’il suffise de deux jeux chromatiques de cette espèce pour amener par leur état de contraction ou de dilatation relatives un nombre considérable de nuances[1]. »

Pouchet a vérifié pour la distribution des chromoblastes la loi de Heusinger, signalée plus haut, de l’antagonisme des pigments et de la graisse. Il a établi, anatomiquement d’abord, physiologiquement ensuite, les relations des chromoblastes avec le système nerveux. L’état d’expansion ou de contraction de ces éléments est sous la dépendance du système nerveux, ce qui expliquera les phénomènes de mimétisme homochromique volontaire.

Les expériences de Pouchet ont porté sur des poissons des fonds (turbot, callionyme, etc.) et sur des crevettes (crangon, palœmon). Il a constaté expérimentalement le changement individuel de coloration d’un grand nombre de poissons et de crustacés suivant les fonds où on les fait vivre, expliquant ainsi le fait bien connu des pêcheurs, que les poissons prennent la couleur du fond de la mer. En général, en effet, les changements constatés ont pour résultat d’harmoniser le ton de l’animal avec celui du fond ; dans tous les cas, ces changements résultent de l’état

  1. G. Pouchet, Des changements de coloration sous l’influence des nerfs, Paris, G. Baillière, 1876.