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LE MIMÉTISME PROTECTEUR

cacher par tous les moyens possibles quand il a peur d’être surpris ou quand il a besoin d’atteindre une proie méfiante. L’émigration momentanée ou durable vers des régions homochromes est évidemment utile et il serait tout naturel, par conséquent, que l’instinct de la conservation comprît aujourd’hui pour chaque espèce le choix d’un habitat protecteur. Dans une forêt comprenant des parties vertes et des parties brunes (écorce des arbres), les animaux verts demeurent de préférence sur les feuilles, les animaux bruns sur les troncs, etc. Une couleur spécifique préexistante peut donc modifier au cours des générations successives l’instinct de l’habitat et probablement beaucoup de cas d’homochromie s’expliquent ainsi, au moins ceux dans lesquels on constate que le choix de l’habitat a été facile, comme par exemple le choix des parties vertes ou des parties brunes voisines dans une forêt ; cette explication est un peu moins facile à admettre pour les animaux polaires qui, si j’ose m’exprimer ainsi, n’avaient pas sous la main l’habitat homochrome rêvé. Pour ceux-là, il vaut peut-être mieux prendre l’explication inverse qu’adopte Wallace : au lieu de la modification de l’habitat pour répondre aux exigences de la coloration, modification de la coloration pour répondre aux exigences de l’habitat[1] ; voici le passage de Wallace relatif aux animaux blancs :

« Si nous nous occupons des animaux supérieurs, nous serons frappés de la rareté de la couleur blanche chez les mammifères ou les oiseaux sauvages des

  1. Pour les espèces alpines, le choix de l’habitat est très facile à expliquer et la première interprétation de la modification de l’habitat par la couleur est valable