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L’HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS

Vous allez vous récrier : tout à l’heure je considérais comme dérisoires les particules représentatives de Darwin et de Weissmann ; j’assimilais à la vertu dormitive de Molière la vertu accordée à ces particules de reproduire des caractères simples de l’adulte, et voilà que maintenant je reste frappé d’admiration devant cette conception de Dujardin qui attribue à une simple substance visqueuse, la vie tout entière ! Et j’accuse d’anthropomorphisme les néo-Darwiniens !

C’est que, justement, l’erreur anthropomorphique est dans l’emploi abusif du mot vie pour désigner des choses toutes différentes. L’homme est vivant, le protozoaire est vivant, donc il y a un homme dans le protozoaire ! Si l’on raisonne comme cela, il est bien évident qu’on déclarera absurde l’hypothèse de Dujardin, car, de trouver dans une simple substance visqueuse toutes les perfections de la nature humaine, c’est de la folie pure ; ainsi Ehrenberg a vu l’homme dans l’amibe (comme Dalempatius avait vu l’homunculus dans le spermatozoïde), tout en admettant qu’il était difficile à voir sans artifices spéciaux, et tout le monde a été de son avis. Ne nous laissons donc pas abuser par les mots ; nous avons l’habitude de considérer la vie comme existant dans l’homme et dans l’amibe ; puisque cette manière de parler a prévalu c’est qu’elle correspond à quelque chose de réel et qu’il y a effectivement quelque chose de commun à l’homme et à l’amibe. Mais est-ce une raison pour admettre dans l’amibe tout ce qui est dans l’homme ?

Proposons-nous, au lieu de nous laisser aveugler par l’anthropomorphisme, de chercher ce qu’il y a de commun à l’amibe et à l’homme ; nous devons pouvoir y réussir dans l’état actuel de la science, puisque nous