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LE PROBLÈME DE LA FORMATION DES ESPÈCES

inouïe et d’une précision mathématique, à cette seule condition qu’on lui fournisse, pendant vingt et un jours, de l’oxygène et une température constante ?

C’est là la grande question à laquelle essaie de répondre la troisième science dont nous avons parlé tout à l’heure, la science de l’origine des espèces. Cette question est même la seule sur laquelle plane encore un peu de mystère, car malgré leur complexité, les phénomènes de l’embryologie et de la physiologie se ramènent aisément à des éléments simples et bien connus, dont la synthèse seule nous étonne.

L’existence actuelle de corps dans lesquels sont déterminées, à des conditions très simples, toutes les merveilles qui sont déterminées dans l’œuf de poule, peut-elle s’expliquer aussi par le seul jeu des forces naturelles ? Cela a semblé longtemps tellement inconcevable que l’hypothèse d’une création de chaque espèce avec tous ses caractères actuels a naturellement prévalu et est encore admise, indépendamment de toute question de dogme, par ceux qui redoutent un grand effort intellectuel et aiment mieux s’en tenir une explication simpliste même peu vraisemblable. Les découvertes de la paléontologie ont en effet montré que les espèces actuelles n’existaient pas aux périodes précédentes de l’histoire du monde, et qu’il faut admettre, de toute nécessité, une évolution des êtres. Quels ont été les facteurs naturels de cette évolution ? Comment cette évolution a-t-elle pu être progressive et déterminer l’existence d’animaux aussi compliqués que le poulet, le chien, le singe ? Cette dernière question surtout est intéressante car, si elle est résolue, elle permet de reculer singulièrement les limites du domaine de la science et de laisser une part bien moins consi-