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de l’idée de Dieu et ait néanmoins une conscience morale très atrophiée ? Je n’oserais l’affirmer, n’ayant aucun exemple à citer, mais je crois qu’on a le droit de considérer comme ayant été étouffé par l’exubérance du sentiment religieux le sens moral des grands fanatiques dont l’histoire nous a conservé le souvenir.

Si cette séparation de la moralité et de la religiosité était la règle dans l’espèce humaine, on pourrait, sans crainte de se tromper, affirmer que l’idée de Dieu n’a pas été indispensable à la genèse de notre conscience morale, et que cette conscience morale provient uniquement des nécessités prolongées d’une existence sociale. L’observation impartiale de l’humanité ne permet pas d’établir cette affirmation ; il y a probablement très peu d’hommes qui soient purement athées ou purement fanatiques ; chez la plupart, une conscience morale de valeur variable s’unit à une foi religieuse également variable ; la seule chose que l’on soit en droit de dire, c’est que, chez beaucoup d’hommes, le développement de la conscience morale est entièrement indépendant de celui de la foi religieuse ; encore ne faudrait-il pas généraliser !

En résumé, de ces quelques considérations sur le rôle de la foi dans la genèse de la conscience morale, nous ne pouvons pas tirer de conclusion définitive ; on pourrait comprendre que les seules nécessités sociales, aient, sans le secours d’aucune