ment, comment cela s’est-il produit ? A-t-on déifié la mémoire du législateur ? Le législateur intelligent a-t-il compris que le meilleur moyen de faire observer les lois était d’imaginer un juge suprême et infaillible, capable de reviser les jugements des hommes ? La tendance métaphysique et la peur naturelles à l’homme l’auraient, dans ce cas, admirablement servi dans ses desseins ingénieux. Il est peu vraisemblable cependant qu’un homme ait été assez supérieur à ses congénères pour imaginer un pareil stratagème sans en être lui-même la dupe. Aujourd’hui, l’idée de bien, de mal, de devoir, de justice, est si ancrée dans notre hérédité que nous trouvons toute naturelle cette confusion entre le sentiment moral et le sentiment religieux ; nous sommes donc désarmés vis-à-vis du problème de son origine. Constatons-la sans savoir comment elle est née. Le parallélisme observé chez tous les peuples, entre le devoir moral et le devoir religieux est le plus grand obstacle à la solution du problème que nous nous sommes posé, savoir : de découvrir le rôle de l’idée de Dieu dans la genèse des vertus humaines. Évidemment, les nécessités de la vie sociale ont profondément modifié la nature de l’homme, mais si ces nécessités se sont toujours présentées aux hommes sous une forme religieuse, comment séparer ce qui est, chez nos contemporains, le produit de la vie en société, de ce qui
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