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est celui qui possède au plus haut degré les qualités du tigre, c’est-à-dire, celui qui sait le mieux capturer sa proie et résister à ses ennemis.

Je ne crois pas que le tigre ait l’idée de Dieu ; elle ne lui servirait à rien et l’amènerait seulement à pleurnicher de temps en temps sur le sort cruel des paons ou des gazelles, créatures divines dont, par nécessité de tigre, il fait son repas. Cette idée trop développée l’amènerait même à mourir de faim.

Je ne crois pas non plus que le tigre s’amuse à tuer plus qu’il ne peut manger ; ce serait là une fatigue inutile ; il est possible, cependant, qu’il se livre à la chasse pour le plaisir, comme le cheval galope dans un champ pour exercer ses muscles ; les amateurs de sport ne le lui reprocheront pas ; on ne saurait accuser de méchanceté un égoïste parfait, qui ne connaît pas le bien et le mal des autres, et n’attend de personne aucun service.

Tout autre est le cas de l’abeille, de la fourmi, du castor, de l’homme. Aucun de ces animaux ne peut vivre sans le secours de ses congénères ; je parle de l’abeille actuelle, de la fourmi actuelle, de l’homme actuel ; mais je pense qu’il y a peut-être eu, dans l’ancestralité de l’homme, une période où chacun, vivant pour son compte, ne devait rien à personne ; il y a des abeilles sauvages et des singes qui vivent seuls ; je suis convaincu que, chez les êtres isolés, on ne trouverait pas trace