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se posera d’ailleurs que si l’on a reconnu, dans le passé, l’influence de l’idée de Dieu sur la genèse de notre conscience morale.


§ 18. — ORIGINE DES VERTUS HUMAINES

L’homme est un animal social ; ce que l’on appelle vertus chez un animal social, ce sont les caractères qui le rendent apte à vivre en société. Les idées de bien, de mal, d’honnêteté, de justice, de devoir, de responsabilité, etc., sont des idées sociales ; le tigre, isolé dans la jungle, n’a que faire d’honnêteté et de justice. Buffon lui refuse d’ailleurs gratuitement les sentiments généreux qu’il accorde, gratuitement aussi, à son cousin le lion.

Ce n’est pas à dire que l’animal isolé n’ait pas le sentiment du bien et du mal ; il l’a pour lui-même (je le pense sans pouvoir le vérifier), c’est-à-dire qu’il doit savoir, par expérience, ce qui lui fait plaisir et ce qui lui est désagréable ; mais, ne faisant partie d’aucune mutualité, il n’a pas à se préoccuper de faire à d’autres, dans un but intéressé, ce qu’il désirerait qu’en retour on lui fît. Le tigre n’a pas d’associés, pas d’amis (je ne connais pas suffisamment la vie des tigres pour oser affirmer ce qui précède ; je choisis le tigre comme exemple idéal de l’égoïste parfait). Il agit suivant sa nature de tigre ; le meilleur d’entre les tigres