sidère comme un rouage inutile de la grande machine ; nos idées étant pour nous des facteurs d’actions, le fataliste est annihilé par son fatalisme même. Un homme qui prie est forcément fataliste ; c’est pour lutter contre cette tendance dangereuse que la sagesse des nations a imaginé le proverbe : « Aide-toi, le ciel t’aidera. »
Dans notre état de connaissance imparfaite des lois naturelles, la question positive du miracle est difficile à trancher ; pour un croyant, la constatation du miracle est aisée ; il en voit partout et n’essaie pas de discuter la valeur miraculeuse du phénomène observé. Pour un athée au contraire, il y a toujours une attitude possible, même devant le fait le plus extraordinaire : « Je ne sais pas tout, doit-il dire ; ce que vous me montrez ne s’explique peut-être pas par les lois que je connais ; mais il y a tant de lois que je ne connais pas ! » On croit donc au miracle par nature, comme on est athée ou croyant par nature.
Mais il peut y avoir une attitude intermédiaire, et elle existe en effet. Quelques-uns croient que Dieu a créé le monde et lui a imposé des lois définitives en se défendant à lui-même d’y toucher ; ils n’admettent pas le miracle et sont déterministes parfaits. Ceux-là n’ont aucune raison de craindre Dieu ou de l’adorer ; leur ligne de conduite doit être la même que celle des athées qui ne diffèrent d’eux que parce qu’ils ne tirent aucune satisfaction