Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne crois pas en Dieu et, si j’y croyais, je serais différent de ce que je suis), en admettant, dis-je, que je puisse croire à un Dieu personnel, il ne me semble pas que j’aurais pour lui les sentiments d’adoration et de reconnaissance que l’on demande aux vrais croyants ; je me dirais qu’il m’a créé pour son propre plaisir, qu’il m’a imposé un service que je n’avais pas demandé, et dont, en toute sincérité, je me serais bien passé, quoique ma vie ait été plutôt heureuse jusqu’à présent. Quand j’entends conter aux enfants les histoires de ma mère Loye, je me dis souvent que je n’aurais pas hésité si une bonne fée m’avait offert de réaliser un de mes vœux ; j’aurais souhaité « n’avoir jamais existé ». C’est d’ailleurs, si j’ai bien compris, ce que demanda Job sur son fumier[1]. Mais un croyant qui attend la vie éternelle ne raisonne pas comme un athée qui compte seulement sur quelques années d’une vie médiocre ; un athée ne peut donc savoir ce qu’il ferait s’il était croyant. Je m’imagine seulement que si, étant croyant, je continuais à penser comme je pense maintenant, je serais probablement de l’avis d’une vieille dame que j’ai connue dans mon enfance, et qui disait tout bas, comme en se cachant : « Moi, je n’aime pas le bon Dieu mais j’en ai peur ! » N’est-ce pas ce sentiment de peur, que voulut faire naître chez ses

  1. Périsse le jour où je suis né !