vénérables à cause de leur ancienneté ; mais pour le troupeau des croyants illettrés, je crains bien que les symboles utilisés, par exemple, à chaque phrase du Credo, ne soient plus importants que les abstractions quintessenciées dans lesquelles se réfugie un dogme de jour en jour plus épuré. Quand on discute avec un théologien, il répudie naturellement tous ces symboles, mais cela ne l’empêche pas de déclarer ensuite « que le dernier enfant d’une école chrétienne en sait plus long que les plus grands philosophes ». Serait-ce que les théologiens ont une doctrine ésotérique, entièrement différente de celle qu’on enseigne à la foule ?
La croyance dans la valeur absolue de nos idées innées est encore la base des preuves morales de l’existence de Dieu que je copie, ainsi résumées, dans un dictionnaire récent : « Le fait caractéristique de la vie morale, c’est la responsabilité, c’est-à-dire, d’une part, la liberté qui fait le mérite et le démérite de l’agent ; de l’autre, le devoir, règle qui s’impose par sa propre autorité et sans conteste. La présence dans les consciences humaines de cette loi universelle, invariable, nécessaire, implique évidemment l’existence d’un législateur absolu et d’un juge éternel devant qui tous les êtres moraux sont responsables. »