donnerai pour exemple que le raisonnement emprunté à Descartes : « Je sais que je suis, mais qui suis-je ? un être qui doute, c’est-à-dire imparfait. Or, je ne puis considérer mon imperfection sans concevoir l’être infiniment parfait. Et cette idée ne peut me venir, ni de moi-même puisque je suis imparfait, ni du monde extérieur qui est plus imparfait encore. Il faut donc qu’elle me soit donnée par l’être parfait lui-même. » Si vous voyez là autre chose que du fatras inintelligible et des affirmations gratuites, c’est que vous êtes croyant vous-même et que ce « raisonnement » eût pu naître en vous, comme en Descartes. Quand on est sûr d’une chose, on n’a pas besoin de se fatiguer le cerveau pour la démontrer.
Cependant, en comparant cette « preuve » de Descartes à celle qui est connue sous le nom de preuve de Saint-Anselme, il me semble possible de mettre en évidence la pétition de principe résultant de l’idée de « perfection ».
« Nous avons l’idée d’un être parfait, dit Saint-Anselme ; or la perfection absolue implique l’existence, donc l’être parfait existe. »
La « preuve » étant donnée sous cette forme, on voit que le point de départ du raisonnement est l’existence, chez celui qui l’émet, de l’idée innée de Dieu ; elle pourrait se traduire en langage clair : « Nous avons l’idée de Dieu, or nos idées ne nous trompent pas, donc Dieu existe. » Cela suppose