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un certain nombre de notions précises, par suite de la fixation, dans notre hérédité, des caractères acquis par nos parents.

De ces idées innées, beaucoup peuvent être trompeuses, mais, nous avons beau nous en apercevoir, elles subsistent néanmoins en nous. Regardez la lune, là-bas, au-dessus de l’horizon, je vous défie de ne pas vous imaginer qu’un fil à plomb, pendu au-dessous (?) d’elle, prendra la direction de votre verticale, qui est pour vous la verticale absolue[1]. Et cependant, vous savez ce qu’est une verticale, et combien relative ; mais nos ancêtres ont cru trop longtemps que la Terre était plane ; nous avons donc là une idée très précise, dont la genèse se conçoit, et qui est erronée. Pour vous rassurer au sujet de l’adaptation possible des mathématiques aux sciences physiques, je vous dirai si vous voulez que nous avons pris comme point de départ de notre géométrie ce que notre expérience nous a montré être bon dans les idées innées provenant de nos ancêtres ; si vous voulez encore, nous appellerons métaphysique l’ensemble de toutes les absurdités précises qu’ils nous ont laissées en héritage ; il y en a beaucoup ! Mais les métaphysiciens ne seront peut-être pas contents !

À ce propos, mon cher maître, je vous avouerai que je ne partage pas votre admiration pour le

  1. Voyez plus haut, § 6, l’histoire détaillée de la verticale absolue.