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de montrer que le darwinisme, appliqué aux plus petites unités susceptibles de variation indépendante, permet d’établir les principes de Lamarck pour les unités vivantes d’ordre supérieur. Ce n’est là, j’en ai peur, qu’un trompe l’œil ; vous me donnez l’occasion de faire ici mon « mea culpa » ; mais la chair est faible, et je retomberai peut-être un jour, par paresse, dans le piège des raisonnements darwinistes, malgré leur ressemblance inquiétante avec ceux d’un finalisme qui me fait horreur.

Tout ce que vous me dites au sujet du rôle actif de la pensée (j’entends du fonctionnement du cerveau) dans l’évolution des espèces, me prouve que vous êtes lamarckien comme moi. Nous sommes donc d’accord. Les considérations darwinistes permettent trop souvent d’oublier l’activité propre des substances vivantes et de raisonner comme on le ferait sur des galets ou des grains de plomb ; ils accordent trop au hasard. Lamarck nous fait comprendre au contraire l’adaptation personnelle et immédiate, sans approximations successives — ce que j’appellerai si vous voulez l’adaptation intelligente, car vous vous souvenez peut-être que j’ai donné de l’intelligence une définition purement objective ; je ne parle jamais que de choses objectives et ne fais pas de psychologie.

Lamarck a eu, à mon avis, le tort d’en faire, et vous auriez, je crois, une tendance à l’imiter.