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« Loin d’impliquer la dépendance mutuelle de tous les phénomènes, la science expérimentale suppose que chaque phénomène est à peu près indépendant de l’infinité des autres phénomènes. Quel est le chimiste qui pense à la latitude ou à la longitude de son laboratoire et qui ne croira pas que je me moque de lui si je vais lui soutenir que la réaction qu’il étudie peut bien réussir le mardi, et non le jeudi ? Le droit qu’il a d’éliminer presque tout de ce qu’il appelle les circonstances de son phénomène est capital pour le savant : c’est le bon sens (le bon sens du chimiste) qui, pour lui, légitime et fonde ce droit.

« Je dois être sincère et corriger ce qu’il y a d’excessif dans mon affirmation que les sciences expérimentales postulent plutôt l’indépendance des phénomènes que leur dépendance mutuelle ; il me faut bien reconnaître que le nombre des circonstances dont dépend pour nous la connaissance d’un phénomène augmente singulièrement avec la précision de cette connaissance. En dépit de cette concession, que je vous fais avec mauvaise humeur, la notion d’un déterminisme total me semble une de ces notions limites, comme le solide parfait, le fluide parfait, qui sont commodes sans doute, mais dont il ne faut pas être les dupes.

« J’ajoute qu’on ne me paraît pas faire assez attention à la relativité de cette notion : rien