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convaincu aussi de l’absurdité des croyances de ceux qui croient en Dieu ; c’est là ce qui constitue pour moi l’athéisme scientifique, ainsi que j’essaierai de le définir tout à l’heure.

Ai-je le droit de dire que je suis arrivé où j’en suis, sans idée préconçue ? Je l’ai cru longtemps, et je confesse aujourd’hui que c’était une erreur. Athée par tempérament, j’ai consacré ma vie à des études qui, m’a-t-il semblé, m’auraient conduit à l’athéisme, si j’avais été croyant. Mais, si j’avais été croyant, je n’aurais pas dirigé mes études de la même manière ; satisfait d’une explication, je n’en aurais pas cherché une différente. Ce qui rendra éternelles les discussions des philosophes au sujet de la vie, c’est qu’il est impossible d’étudier la vie sans idée préconçue, ou, du moins, sans avoir une tendance, marquée d’avance, à accepter de préférence tel mode d’explication. Je connais des hommes de grande valeur qui, ayant fait des études analogues aux miennes, ont conservé leurs croyances premières ; j’avoue que cela m’étonne profondément ; j’avoue même que, pendant longtemps, je n’ai pas cru à leur entière bonne foi, tellement l’évidence me paraissait lumineuse. Je pense qu’ils ont eu la même opinion à mon sujet, et cela me console d’avoir pensé du mal d’eux.

Il me semble donc qu’un livre comme celui-ci ne saurait modifier les idées d’un homme ayant