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notre idée de la matière. Le physicien sait très bien qu’il n’y a pas de corps solide ; il n’abandonne pas pour cela cette notion : il attribue la parfaite solidité à l’atome, avec quoi il constitue la matière ; parfois, il ajoute à cette parfaite solidité de l’atome une parfaite élasticité, sans trop se soucier de savoir si ces deux qualités parfaites ne se gênent pas en s’ajoutant.

« Dire que ces concepts limites préexistent dans notre esprit, qu’ils font partie du dessin primitif qui est le résidu de la vie ancestrale, vous semblera peut-être exagéré ; mais, au moins, une certaine tendance à la formation de ces concepts limites me paraît inhérente à notre pensée telle qu’elle est par elle-même, ou telle qu’elle est devenue par la suite des testaments qui l’ont enrichie peu à peu. Cette tendance à la formation de concepts limites, infiniment éloignés de ce qui nous les suggère, me semble du même ordre que la tendance à la séparation et à la simplification que j’ai voulu indiquer un peu plus haut.

« Vous me dites que, quand je vois de loin une surface à peu près plane, dont je ne puis apercevoir les irrégularités, je vois un plan parfait ; non, je pense un plan parfait. La tendance dont je viens de parler est entrée en jeu ; le concept limite a surgi en moi ; j’ai comparé ce concept parfait à ce que je vois, je n’ai pas aperçu de différence. Le régulier est antérieur, dans mon esprit, à l’irrégu-