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se remplissent avec une facilité et une rapidité merveilleuses. L’inextricable complexité du monde extérieur se résout en concepts séparés et simplifiés. Assurément ces séparations et ces simplifications naïves fournissent une image très imparfaite de la réalité, une image pourtant qui s’y adapte assez pour que l’enfant puisse en tirer parti ; les premiers linéaments de cette image sont, en quelque sorte, grossièrement dessinés en lui ; c’est ce qui lui reste de sa vie antérieure, chez ses ascendants, une photographie confuse des choses qui ont posé devant eux, le plus souvent ; sa vie actuelle ajoutera à ce dessin primitif d’infinies complications, de riches et éclatantes couleurs, des nuances délicates. Ses premiers concepts, séparés et simplifiés, permettront bientôt à l’enfant des ébauches de raisonnement, des syllogismes naïfs, dont les membres ne sont pas disjoints, mais où la conclusion apparaît, par une intuition immédiate, comme contenue dans les prémisses ; l’attribution, à un objet particulier, d’un nom général est déjà un tel syllogisme : je vois un chêne ; un chêne est un arbre ; je vois un arbre.

« Ces premières connaissances tendent à s’organiser ; l’enfant cherche inconsciemment à y mettre un peu d’ordre, qui se traduit par un enchaînement de mots et de phrases auquel il se plaît ; à l’intérêt, d’ordinaire très dispersé, que les choses éveillent