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n’apporterait pas grand changement dans l’Univers. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai, sur la relativité de nos connaissances, la même opinion que vous : même, je m’étonne de ceux qui sont capables de comprendre cette doctrine, sans que son évidence les pénètre tout de suite : elle m’incline à regarder la pensée comme très essentielle.

« Je vous fais grâce d’un développement sur cet Univers, où ne brillerait aucun soleil, où la mer et le vent ne mugiraient pas, et qui serait comme s’il n’était pas. Vous n’aurez point de peine à faire philosopher M. de La Palisse sur ce beau sujet, qui prête à l’éloquence. Mais, si je ne connais que ma pensée, ma pensée seule peut m’intéresser : cela me chagrine qu’on la rapetisse, et qu’on la traite d’épiphénomène. J’ai désiré souvent causer avec vous de ce chagrin : les vacances passées ensemble « au fond d’un golfe plein d’îlots » ne se sont pas retrouvées. Comme elles sont loin et près ! N’y a-t-il pas vingt ans ?

« Ah ! les longues et belles causeries que nous avons eues, couchés sur l’herbe dans un repli de la falaise, humant les bonnes senteurs de la mer, regardant courir les nuages, souriant à nos idées qui courent aussi et cherchent à se rattraper ! Mais ne croyez pas que ces vacances-là soient les seules que j’aie passées avec vous ; j’avais vos livres, qui sont pour moi des livres de vacances : les voici, tout salis de coups de crayon, de notes