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je n’ai pas honte d’être athée. Je n’en tire pas gloire non plus, si je ne m’en cache pas, et je ne tiens pas à faire des prosélytes comme le renard de la fable, qui avait la queue coupée.


§ 3. — ATHÉISME INNÉ ET IDÉES PRÉCONÇUES

Je suis athée, comme je suis breton, comme on est brun ou blond, sans l’avoir voulu. Je n’ai donc aucune raison personnelle d’affirmer que l’athéisme vaut mieux qu’autre chose, n’ayant pu par moi-même goûter à autre chose.

« On devient cuisinier, on naît rôtisseur » dit le proverbe ; je crois pouvoir affirmer que je suis né athée, et je me demande si, comme pour les rôtisseurs, cela n’est pas indispensable à la « perfection de l’athéisme ».

Aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne trouve pas trace en moi de l’idée de Dieu ; et cependant, j’ai été élevé comme les autres petits bretons de mon âge ; j’ai appris le catéchisme comme les autres ; j’ai même eu le prix de catéchisme au collège ; j’avais une mémoire extraordinaire, et j’aurais pu apprendre par cœur une page d’hébreu en quelques minutes ; j’ai appris le catéchisme comme de l’hébreu, sans me demander si cela signifiait quelque chose, uniquement parce qu’on me disait de l’apprendre. J’étais un élève