matière ne peut contenir ce qui est la négation d’elle-même. Or la pensée nous apparaît comme la négation de la matière ; la matière ne peut donc contenir les éléments de la pensée. »
Ainsi soit-il ! Voilà un sermon qui, pour être éloquent, ne convaincra que ceux qui le veulent bien. Avant qu’on connût les instruments enregistreurs, vous auriez dit : « Je veux faire étudier la musique à des sourds » : on vous aurait ri au nez ; la surdité est la négation de la musique, etc., etc. Aujourd’hui on a inventé le phonographe et cela ne signifie plus rien : on sait aussi que l’éclair et le tonnerre ne sont qu’un seul phénomène, et cependant l’un d’eux seul était connaissable pour les sourds, l’autre seul connaissable pour les aveugles !
C’est pour des raisons de sentiment, de préférence personnelle que l’on acceptera la thèse dualiste ou la thèse moniste ; toutes les théories sur lesquelles on discute à leur propos se ramènent en effet à cette question : La pensée s’accompagne-t-elle toujours d’une modification de quelque chose qui est susceptible de mesure ? L’expérience n’est pas faite, quoi qu’en ait dit M. Armand Gautier, et tant qu’elle ne sera pas faite on pourra discuter ; une fois qu’elle sera faite, si elle se fait, toutes les conséquences, soit monistes, soit dualistes, en découleront naturellement ; la question sera vidée. Il me semble cependant que, jusqu’à plus ample informé, les esprits non prévenus doivent pencher