dualistes. Nous devons bien remarquer, en effet, que, même si le phrénographe était inventé, l’observateur qui s’en servirait ne connaîtrait pas les états d’âme de l’individu phrénographié, pas plus que le physicien qui regarde avec ses yeux la ligne sinueuse du cylindre du phonographe n’entend le morceau de musique qui a tracé cette ligne sinueuse ; c’est la réversibilité admirable du phonographe qui prouve directement la relation établie entre l’air de musique et la ligne sinueuse ; tous deux sont en effet des phénomènes mesurables liés à un même mouvement vibratoire de l’air ; mais, l’air de musique, c’est ce mouvement vibratoire mesuré directement par l’oreille humaine, tandis que la ligne sinueuse du cylindre c’est ce mouvement vibratoire de l’air, mesuré indirectement par l’œil au moyen du cylindre enregistreur. Un sourd qui posséderait un phonographe pourrait connaître entièrement l’Iphigénie de Glück, sans soupçonner une seule de ses beautés ; mais il saurait la reconnaître partout et toujours, constater les imperfections d’une exécution de ce chef-d’œuvre, en la suivant sur un cylindre enregistreur, au moyen de ses yeux. Autrement dit, un sourd qui posséderait un phonographe serait dans la situation où se trouvait un physicien devant un cylindre enregistreur impressionné par un air de musique, avant l’invention du phonographe ; car on a connu le moyen d’enregistrer les vibrations de l’air, avant
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