pénétrer dans la subjectivité de Joseph ou de Louis. Il y aurait donc là des phénomènes qui ne seraient pas susceptibles d’une analyse impersonnelle, d’une étude scientifique, des phénomènes qui se passeraient « sans que se modifiât quelque chose qui est susceptible de mesure », car, qui dit mesure dit connaissance impersonnelle ou scientifique.
C’est à propos de ces phénomènes que naît la lutte entre les monistes et les dualistes ; on peut même dire que c’est seulement à propos de ces phénomènes, car toutes les autres entités immuables et actives auxquelles peuvent croire les dualistes sont calquées sur le modèle de l’individualité humaine ; lorsque j’ai mal aux dents ou que je pense à l’inutilité des dissertations philosophiques, se modifie-t-il en moi quelque chose qui est susceptible de mesure ? Aujourd’hui, avec les moyens d’investigation dont disposent les hommes, aucun homme autre que moi ne peut savoir ce que je souffre ou ce que je pense ; mais du moment que moi, je le sais, c’est bien là une chose qui est connaissable à l’homme, puisque je suis un homme et que je la connais. Si donc je suis moniste au sens que j’ai défini plus haut, je dois croire que mes pensées et mes sentiments ne se produisent pas sans que se modifie quelque chose qui est susceptible de mesure, donc d’étude scientifique ou impersonnelle, et que, par conséquent, mon domaine subjectif n’est pas inviolable, et qu’il sera