croit faire un raisonnement scientifique, l’homme ne peut jamais s’empêcher de faire de la logique de sentiment.
À côté de cet utilitarisme avoué ou latent, il faut signaler aussi l’attachement des hommes aux idées qui leur sont familières ; cette force de l’habitude ne doit d’ailleurs pas être trop nettement séparée du côté utilitaire des systèmes, car il est sûrement plus commode à un homme d’employer un vieil outil dont il se sert depuis longtemps, que d’apprendre à faire usage d’un instrument neuf, même plus perfectionné ; du moins y a-t-il là un moment d’apprentissage assez pénible, et la paresse explique bien des choses.
C’est pour cela que la tradition lutte si aisément contre les tendances innovatrices ; c’est pour cela qu’il est si difficile à l’homme de science de se conformer à la règle de Descartes : « Ne cherchez pas ce que l’on a écrit ou pensé avant vous, mais sachez vous en tenir à ce que vous reconnaissez vous-même pour évident. »
Les théories dualistes sont vieilles comme le monde ; le monisme est au contraire tout récent,
mort-née, qui parut en 1900, et s’appela, je crois : Le XXe siècle ; elles m’ont semblé assez remarquables pour que j’aie cru devoir en faire l’épigraphe du présent livre.