versité de province, m’écrivait dernièrement à peu près ceci : « Vous avez raison, et je trouve avec vous que le système de Weismann n’a pas le sens commun ; mais il est si commode au point de vue pédagogique que je l’emploie dans mes cours, quitte à faire remarquer ensuite aux élèves combien il est peu philosophique. » Il est inutile d’insister sur ce que cette méthode a de défectueux, mais il faut constater que le langage weismannien est employé aujourd’hui dans presque tous les travaux de biologie ; et, lorsqu’on aura laissé prendre aux jeunes l’habitude de ce langage, ils ne pourront plus s’en passer et ne seront plus capables de se débarrasser du système qui y correspond. Je ne voudrais pas comparer à la féconde théorie des atomes en chimie le prodigieux échafaudage que Weismann a construit sur des bases illégitimes ; mais supposez pour un instant que, chose tout à fait invraisemblable, on découvre aujourd’hui des faits qui obligent de rejeter la théorie atomique, quel ne serait pas le désarroi de la plupart des chimistes ? Ils ne sauraient plus parler ? Puisque nous savons que le système des particules représentatives est mauvais, ne laissons pas prendre aux élèves l’habitude du langage correspondant ; évitons-leur immédiatement l’ennui inévitable auquel ils seront acculés quand ils devront renoncer à une manière de s’exprimer devenue très familière.
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