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mort ; je pense qu’il doit avoir le sentiment héréditaire de son immortalité ; il n’a donc pas la ressource du suicide, mais peut-il être assez malheureux pour souhaiter n’être pas ? Le suicide n’est compréhensible que chez celui qui croit au néant ; il est absurde chez un être convaincu de son immortalité.

Autre question : le cheval sait-il qu’il engendre quand il fait l’acte générateur ? Le roussin sait-il qu’en roussinant, comme dit Rabelais, il fait un poulain à sa jument ? Combien différente serait la vie de l’homme s’il satisfaisait son besoin génésique sans en connaître les conséquences lointaines ? Il n’est pas absurde de se demander cela, car l’homme qui sait pourtant, depuis des milliers de siècles, comment il engendre, n’en a pas la notion héréditaire ; les enfants héritent de l’instinct sexuel, mais ignorent ses conséquences, tant qu’on ne les leur a pas apprises. Vaudrait-il mieux qu’ils les ignorassent toujours ? J’écris ces réflexions au hasard, pour montrer que l’arbre de la science donne peut-être quelques fruits amers, et que Dieu fut vraiment sévère en punissant si cruellement Adam d’y avoir goûté !


§ 24. — RÉSUMÉ

De toutes les considérations précédentes, on peut conclure, en résumé, ce qui suit :

1o Dans une société comme la nôtre, où la