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en honneur ; la société disparaîtrait probablement par ce moyen.


§ 23. — L’ATHÉE ET LA PEUR

Si l’athée a peur de la douleur, il doit avoir aussi d’autres peurs instinctives, des peurs inexpliquées qui sont, comme sa conscience morale, le résultat héréditaire de caractères ancestraux. Je ne parle pas de la peur du danger réel ; cette peur est indispensable ; elle fait partie de l’instinct de la conservation, pourvu qu’elle se borne à la conscience du péril et conduise à trouver les moyens de l’éviter. Nuisible est au contraire la peur stupide qui, devant le danger imminent, paralyse l’individu et le livre à son ennemi, désarmé par un fatalisme impuissant.

Cette peur stupide et nuisible ressemble, par beaucoup de points, à la peur mystique, à la peur héréditaire de dangers irréels, dont les enfants en particulier souffrent si violemment ; c’est la peur des animaux devant la foudre, la peur des personnes faibles devant l’obscurité où « on ne sait pas ce qu’il y a ». Certainement, cette peur est héréditaire ; c’est un reste atavique des croyances de nos ancêtres qui se trouvaient désarmés, malgré tous leurs efforts, devant les caprices de dieux inconnus et autoritaires ; la peur mystique est le sentiment de l’impuissance humaine devant la