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une dent à cause de la douleur de l’opération, et l’on peut être athée sans être brave devant la souffrance.

Indépendamment donc de la question de douleur (et je ne serais pas éloigné de penser que le croyant est mieux armé contre la douleur que l’athée ; un fanatique se fait hacher avec joie pour gagner le ciel), indépendamment de la question de douleur, l’athée n’a aucune peur de la mort ; il est sans cesse prêt à mourir, n’ayant pas besoin, avant le néant, de mettre ses affaires en ordre.

Mais, pour être athée, on n’en est pas moins homme ; on a des sentiments d’affection pour d’autres êtres ; qui, eux, ne sont pas ordinairement athées, et n’envisagent pas la mort avec la même indifférence ; là encore, la conscience morale empêche l’athée d’agir rigoureusement suivant son athéisme : il n’a pas à mettre ses affaires en ordre, mais il peut avoir à s’occuper des affaires de ceux de ses proches auxquels il est utile, et qui pourraient souffrir de sa mort, dans leur sensibilité ou dans leurs intérêts.

Dans une société de gens non athées, l’athée doué de sensibilité et de conscience morale, ne peut jamais agir en athée parfait, car il doit faire entrer en ligne de compte, dans ses déterminations, l’erreur qui fait le fond des raisonnements de ses congénères. Dans une société de gens vraiment athées, le suicide anesthésique serait évidemment