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L’absence de l’idée de Dieu qui fait l’athée vrai, doit être comparée à l’absence de conscience morale qui ferait le fanatique vrai ; ni l’un ni l’autre de ces deux types extrêmes ne saurait constituer de sociétés ; l’athée est désarmé, nous l’avons vu, par l’existence d’une conscience morale qui ne trouve pas de contre-poids dans la croyance à la personnalité et au mérite ; le fanatique vrai ira peupler de son égoïsme inutile les thébaïdes solitaires.

Le type vraiment sociable est le type moyen, celui qui n’est ni athée ni fanatique, ou du moins celui qui, étant athée comme on l’est couramment de nos jours, ne va pas jusqu’au bout des conclusions de son athéisme, et conserve l’idée des principes absolus de justice, de personnalité, de responsabilité et de mérite, ou encore celui qui, étant croyant comme on l’est couramment de nos jours, ne va pas non plus jusqu’au bout des conclusions de sa foi, et ne se dit pas qu’il faut mépriser les affaires des hommes pour faire celles de Dieu.

Je dois m’occuper ici d’athéisme et non de fanatisme ; je ne connais d’ailleurs pas de fanatique vrai, et je pourrais me tromper dans mes conclusions. Je maintiens seulement qu’une société d’athées logiques est impossible parce que la notion de responsabilité absolue est une erreur sociale nécessaire. En revanche, une société d’athées doués de conscience morale me paraît absolument